À l'heure où les défis environnementaux nous invitent à repenser nos modèles socio-économiques, nous avons fait le point sur les transitions actuelles avec Santiago Lefebvre, fondateur de ChangeNOW, le plus grand événement international de solutions pour la planète.
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Qu’est-ce que ChangeNOW ?
ChangeNOW est une entreprise à impact qui a pour mission d’accélérer la mise en place de solutions vers un avenir plus durable et plus humain, pour raconter le monde vers lequel on peut tendre. Le cœur de notre activité, c’est le sommet qu’on organise chaque année et qui rassemble 35 000 personnes de 120 pays différents. 1000 solutions y sont présentées chaque année !
Vous rassemblez à ChangeNOW de nombreuses solutions pour la planète, selon toi, quels sont les principaux faits marquants ou évolutions que tu as pu voir ces dernières années ?
La première édition de ChangeNOW a eu lieu en 2017 à Station F. Nous avions rassemblé à peine une centaine de solutions, l’écosystème de la transition était naissant ! Néanmoins, il s’est développé très vite et dès la 3e édition de ChangeNOW, nous avons pu réunir 1000 solutions au Grand Palais. De plus en plus de personnes s’investissent dans cette transition et c’est fondamental !
En 2017, l’enjeu climatique et le carbone étaient les thèmes principaux des sujets de transition. C’est encore le cas aujourd’hui, mais on constate qu’une approche holistique s’est mise en place depuis peu. La notion de limites planétaires a pris de l’ampleur, il ne s’agit plus seulement d’émissions de gaz à effet de serre. Les acteurs du secteur s’interrogent également sur la manière de mener la transition, pour qu’elle soit inclusive et sociale. Des solutions pour la biodiversité ou la gestion des ressources dans l’économie circulaire ont émergé récemment et forment des pôles très dynamiques en termes d’existence de solutions.
Si on fait un zoom sur le secteur agricole, as-tu vu des évolutions ?
L’agriculture est un pan primordial de la transition. Aujourd’hui, 3 transitions conditionnent le monde dans lequel nous allons vivre : la transition agricole, énergétique et culturelle. Notre rapport au monde et aux autres doit changer !
La transition agricole questionne notre manière de se nourrir et plus largement de s’approvisionner. Depuis quelques années on assiste à l'émergence de la notion d’agriculture régénératrice comme une solution agricole mais aussi scientifique. Le sol, qu’on croyait “inerte” depuis l’avènement de l’agriculture intensive se révèle être un précieux allié pour notre sécurité alimentaire.
L’agriculture régénératrice permet de pérenniser le sol et les cultures, elle favorise la création d’un puits de carbone, elle nourrit la biodiversité... Elle offre des solutions puissantes, car elle n’attaque pas en silo un problème environnemental mais répond de manière transversale aux problématiques climatiques, alimentaires, énergétiques… Le biochar, qui a une vraie capacité de captation de CO2 et rend de nombreux services au sol, est également une partie de la solution selon moi.
Néanmoins, pour que le secteur agricole fasse cette transition vers l’agriculture régénératrice, il faut des moyens financiers afin de rémunérer les agriculteurs pour les services écosystémiques qu’ils rendent et les accompagner dans leur changement de pratiques. Certains acteurs comme Omie ont commencé ce raisonnement pour donner du sens à une filière, mais il manque encore des solutions qui sont passées à l’échelle.
Comment perçois-tu la transition du secteur agricole par rapport aux autres secteurs ?
L’agriculture n’est pas un secteur plus en retard que les autres. La transition prend du temps partout ! Par exemple, dans le secteur de la mobilité, la plupart des bateaux de transport utilisent encore des énergies fossiles, l’électrification des véhicules n'est pas encore massive… Autre exemple, la mode : de nombreuses initiatives se mettent en place, mais leur action n’impacte pas encore la globalité du secteur.
Quelles innovations t’ont marquées récemment ?
Si je parle d’innovation je ne veux pas forcément parler de tech : parfois il suffit juste de modifier un usage pour innover. Pour l’agriculture, la monétisation des services écosystémiques rendus par les agriculteurs est une question cruciale, à laquelle répond Agoterra (NDLR : startup accélérée chez Hectar), qui a une approche à la fois locale et concrète de l’impact agricole.
En second, je citerai l’enjeu de ramener le fluvial dans le transport. Des tests ont été faits à Paris notamment, pour transporter au cœur de la ville des biens qui vont être livrés de manière décarbonée. Pour l’instant ce ne sont que des tests mais Bruxelles a déjà mis en place un service de transport fluvial qui évite à 2000 camions par jour de traverser la ville. C’est de l’innovation par l’intelligence et non par la technologie, qui interviendra dans un second temps pour électrifier les barges par exemple.
Le prochain événement ChangeNOW se déroulera le 25, 26 et 27 mars 2024
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