"Il faut agir à tous les niveaux en “agrimanager”, diversifier ses sources de revenus et ne pas se contenter de livrer la matière première."
Entrepreneur, investisseur & fondateur de l'incubateur privé FAMM, Didier Rousseau est un « serial entrepreneur » qui sait depuis toujours repérer et encourager les projets innovants et qui connaît les mondes agri et agro depuis plus de vingt ans. Bien loin de se contenter d'investir dans différents domaines d'activités, il accompagne de manière globale de nombreuses startup de l’AgTech et FoodTech (Agriconomie, Weenat, The Green Data, NeoFarm, Connecting Food, Miimosa etc.).
Avec FAMM, sa mission est d’aider à construire de la croissance résiliente sur différents marchés. “Je n’investis pas pour investir mais parce que je pense pouvoir créer une valeur dans cette scalabilité.” tient-il à préciser. Nous lui avons demandé quelle est sa perception des entrepreneurs agricoles nouvelle génération...
1. Selon vous, à quoi ressemble l'entrepreneur.e agricole du 21ème siècle ?
C’est un homme (ou une femme !) qui a compris que son métier vit une transformation sociale et sociétale majeure, et qu’il est dans ce contexte nécessaire de reconstruire toute la chaîne de valeur notamment grâce à la technologie et aux compétences humaines. Il ou elle a aussi pris conscience que la campagne, la ruralité, les paysages ne sont pas ou plus sa chasse-gardée, que la technicité des pratiques agricoles sera croissante et que les data sont au cœur de tous les projets à venir.
2. Quels sont selon vous les ingrédients d'une gestion responsable et durable d'un projet agricole ?
Il est avant tout primordial que les chefs d’entreprise agricole sachent gérer la volatilité et la non-prévisibilité de leurs revenus (il n’y a qu’à voir en ce moment les yoyos des prix du blé par exemple). Il faut ainsi agir à tous les niveaux en “agrimanager”, diversifier ses sources de revenus et ne pas se contenter de livrer la matière première (cette diversification peut se faire de multiples façons : vente directe, paiements pour services environnementaux, méthanisation etc.). Enfin, il est important aussi d’être un bon communicant, en ayant intégré dans son mode de pensée et sa stratégie toutes les ruptures sociétales en cours.
3. Quel est selon vous “le” ratio de rentabilité qui constitue un indicateur de performance clé pour les entrepreneurs agricoles ? Ce n’est pas le ratio qui est clé, mais la refonte de leur proposition de valeur pour permettre une stabilisation des revenus ainsi que leur augmentation !
4. Que lisez vous en ce moment ? Deux livres parus récemment, dont les sujets vont peut-être vous étonner...celui de Dorothée Dussy, “Le berceau des dominations” et celui de Barbara Cassin, “Le bonheur, sa dent douce à la mort”.
5. Une personnalité rencontrée lors de votre parcours, inspirante pour vous et que vous auriez envie de citer ?
Pas une personne mais une entreprise : le groupe Soufflet