40% de la nourriture qu’on produit est jetée. C’est face à ce constat alarmant que Lucie Basch a décidé, il y a 7 ans, de créer Ton Good To Go. Derrière le déchet, il y a aussi la valeur qu'on donne à ce qu'on mange, et à ceux qui l'ont produit, amenant une réflexion qui n'impacte plus seulement le consommateur final mais toute la chaîne de valeur.
Qui es-tu ?
Je suis Lucie Basch, cofondatrice de Too Good to Go, et je m'intéresse aussi au secteur agricole, pour construire un système alimentaire plus juste et plus durable.
Pourquoi avoir créé Too Good To Go ?
L'idée derrière Too Good to Go c'était de permettre à chacun de réduire le gaspillage alimentaire au quotidien. Aujourd'hui on jette 40% de ce qu'on produit sur la planète : je voulais permettre à tous de réduire le gaspillage alimentaire à son échelle et de créer un vrai mouvement de lutte contre le gaspillage alimentaire où chacun prend conscience du problème et des solutions à mettre en œuvre pour agir.
Tu as créé Too Good to Go il y a 7 ans : quels sont selon toi les grands changements ou la dynamique observée ?
Avant ce n'était pas commun de construire une entreprise à impact et surtout d'utiliser son modèle économique pour maximiser cet impact. Aujourd'hui il y a de plus en plus d'entreprises dans le secteur, les consciences ont évolué sur le gaspillage alimentaire car la France a été assez pionnière dans ce domaine. Pour moi le gaspillage alimentaire est un symptôme et non une cause. Il faut remonter la chaîne de valeur et permettre de créer un un système alimentaire plus juste et plus durable. Je parle ici en termes de qualité et non de quantité : le problème n'est pas qu'on produit trop mais plutôt que notre système alimentaire est malade. Le gaspillage est l'un des résultats de toutes les incohérences accumulées au fur et à mesure de la chaîne, qui font que le consommateur n'a pas conscience de sa valeur et n'est donc pas prêt à payer un prix juste afin que les agriculteurs soient mieux rémunérés. L'idée c'est de réconcilier le secteur agricole avec les consommateurs pour construire un meilleur système.
Quel est le plus grand défi pour Too Good to Go et le gaspillage alimentaire dans les prochaines années ?
Le premier défi, au-delà de nos activités auprès des entreprises, du grand public et des écoles, c'est de rester pertinents sur un sujet qui évolue au fur et à mesure que des acteurs de la chaîne de valeur s'en emparent. C'est une bonne chose mais cela nous force à réfléchir sur nos moyens d'apporter une vraie valeur ajoutée sur le sujet.
Et le second défi c'est de remonter la chaîne alimentaire, c'est-à-dire ne plus aider seulement les commerces et la grande distribution mais aussi les industries, les agriculteurs, et proposer de nouvelles solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire afin d'arriver au zéro gaspillage. Pour ça il y a un gros enjeu de sensibilisation du grand public, d'où la création de "Mon école anti gaspi", un kit pédagogique pour les classes de primaire qui permet aux professeurs de parler d'anti gaspi dans les classes et à la cantine. Il y a aussi tout le travail qu'on a fait sur les dates de consommation pour permettre aux français de distinguer une DLC (date limite de consommation) et une DDM (Date de Durabilité Minimale ou "à consommer de préférence avant le") : la première est un facteur d'hygiène, le produit n'est plus comestible après la date indiquée ; la seconde est un facteur de qualité, le produit sera toujours consommable sans danger pour la santé. On travaille aussi avec les politiques pour s'assurer que la loi évolue dans le bon sens aussi, pour éviter au maximum le gaspillage.
Auriez-vous un message pour les jeunes qui veulent entreprendre dans le secteur agricole ?
C'est une super vocation, c'est un métier qui peut rendre très heureux si on fait attention à soi ! C’est un vrai challenge aujourd'hui et il y a des modèles à repenser pour permettre au métier d'agriculteur d'être un métier justement rémunéré qui produit pour prendre soin des hommes et de la planète.